Plaidoyer international sur migrations : une gouvernance mondiale est plus que jamais nécessaire

La crise liée au COVID-19 a révélé que les personnes migrantes sont en première ligne pour assurer les métiers essentiels au fonctionnement de nos sociétés, et qu’elles sont en même temps les plus vulnérables et les plus affectées par cette crise. Notre plaidoyer pour une gouvernance mondiale des migrations qui protège et respecte les droits de ces populations est donc plus que jamais d’actualité.
Plusieurs crises dans la crise
Les politiques mises en place pour répondre au COVID-19 mettent les personnes migrantes face à trois crises : une crise de protection, une crise de santé et une crise socio-économique.
Du point de vue de la protection et le respect des droits humains, la politique de fermeture généralisée des frontières a clos les voies de l’asile; les personnes en besoin de protection se voient ainsi obligées de rester ou de revenir dans des situations dangereuses.
Du point de vue sanitaire, les personnes migrantes sont davantage vulnérables face au virus de par leurs conditions de vie (conditions de confinement insalubres ou inexistantes) et la difficulté à accéder à des services de santé.
Du point de vue économique, les personnes migrantes sont les premières à perdre leur emploi, souvent informel. Elles ne bénéficient pas ou peu des dispositifs de protection sociale compensant la perte des revenus liée à la crise. Sans ressources, elles perdent aussi la capacité de faire des transferts financiers aux familles, qui sont un élément fondamental du PIB de certains pays. Cela entraîne une recrudescence de la pauvreté dans certains contextes.
Le Pacte mondial migrations comme une réponse
La crise sanitaire n’a pas mis un terme à la réalité des migrations, mais les a rendues encore plus dangereuses. Il reste crucial, surtout en temps de crise sanitaire, que les personnes puissent emprunter des voies légales de migration leur permettant de se déplacer de façon sûre, sans mettre en danger leur santé ni celle des populations des pays de transit ou d’accueil.
Le Secours Catholique avait salué le processus conduisant à l’adoption du Pacte Mondial Migrations, première pierre vers une gouvernance mondiale des migrations. Ce texte s’appuie sur l’ensemble de textes signés par les Etats en matière des droits fondamentaux, suivant un principe de non-régression des droits actuels, et porte un langage positif sur les migrations. Il comporte également des réelles avancées, dont l’engagement de développer des voies sûres et légales de migrations.
Les défis actuels
Le caractère non contraignant du Pacte est sa principale faiblesse, qui doit être palliée par la volonté des Etats de le mettre véritablement en œuvre, or l’appropriation des gouvernements est encore faible. En France, si le gouvernement a signé ce texte et s’y réfère épisodiquement, il est difficile de savoir quelle est sa stratégie de mise en œuvre. L’écart entre les déclarations du Pacte et les pratiques étatiques est saisissant. Les orientations des politiques migratoires à travers le monde conduisent souvent à des pratiques bafouant les droits fondamentaux, via la sécurisation et les fermetures de frontières, la détention généralisée des migrants et des pratiques discriminatoires qui entravent l’accès aux droits fondamentaux. La nécessité d’une gouvernance mondiale des migrations et d’un cadre protecteur pour les migrants reste ainsi toujours d’actualité.
Crédit photo : Sébastien Le Clézio / Secours Catholique – Caritas France