13 décembre 2018

Bientôt la fin de la COP24 : les Etats prendront-ils en compte les droits humains ?

Sara Lickel, Chargée de Plaidoyer Droit à l’alimentation et changements climatiques au Secours Catholique – Caritas France nous livre ses impressions en direct de la COP24 à Katowice.

La fin de la COP24 approchant à grands pas, les négociations entre les Etats se sont accélérées depuis le début de la semaine. Les textes négociés ont été grandement raccourcis pour parvenir à l’adoption d’un texte final en fin de semaine. Cette perspective s’annonce difficile au vu des options diamétralement opposées qui figurent encore dans les textes.

Les Etats doivent également aboutir à l’adoption du manuel d’application de l’accord de Paris, c’est-à-dire traduire les grands engagements de la COP21 en actes concrets. Ce manuel doit être complet en plaçant en son cœur le respect des droits humains. Le SCCF, la délégation de Caritas Internationalis, et les ONG présentes à Katowice sont extrêmement inquiètes car les références aux droits humains dans les textes sont menacées depuis le début de cette deuxième semaine de négociations.

Le rapport du GIEC

Lors de la COP21, les Etats avaient demandé au GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) de préparer un rapport évaluant la faisabilité de l’objectif qui venait d’être fixé pendant les négociations: ne pas dépasser 1.5°C de réchauffement climatique. C’était la première fois que la commande d’un rapport émanait des Etats membres de la COP.

Le 8 octobre 2018, le GIEC a rendu public son rapport comparant diverses solutions pour respecter l’objectif de l’Accord de Paris. Le rapport est porteur d’une bonne nouvelle : il réaffirme la possibilité de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Cependant, les solutions qu’il préconise sont fondées sur des technologies affectant le secteur des terres et dangereuses pour les droits humains, selon les ONG de défense de l’environnement et des droits humains. Le rapport de Climate, Land, Ambition and Rights Alliance (CLARA), une coalition d’ONG, préconise des solutions fondées sur les droits humains permettant d’atteindre le même résultat.

Le rapport du GIEC a tiré la sonnette d’alarme en démontrant à quel point la différence entre un réchauffement de 1.5°C et 2°C est considérable pour les populations. Ne pas dépasser les 1.5°C permet de protéger les droits humains et d’assurer la sécurité alimentaire. Le rapport prouve également dans quelles mesures les engagements des Etats ne sont pas à la hauteur.

Jusqu’à présent, les COP ont toujours salué les rapports du GIEC. Cependant, les dernières discussions montrent des divergences sur ce point. En effet, l’Arabie Saoudite, la Russie, les Etats-Unis et le Koweit ont refusé de reconnaître ce rapport scientifique.

Rappeler l’importance des droits humains

Il est indispensable, au nom de l’équité, du respect des droits humains et de la sécurité alimentaire, que les Etats reconnaissent les informations que la science nous a fournies, prennent les engagements qui doivent s’en suivre et les tiennent. Les Etats doivent faire preuve de courage politique et prendre leurs responsabilités pour la planète : penser aux intérêts des citoyens d’abord. Remettre l’action à plus tard aura des coûts économiques, humains et sociaux bien plus élevés.

Nous attendons de la fin de la COP des engagements ambitieux, prenant en compte les intérêts des populations, l’inverse serait criminel.

« Lundi 10 décembre, nous avons célébré les 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. En 1948, les Etats ont fait la promesse à l’humanité de garantir les droits fondamentaux et la dignité de chacun. Pourtant aujourd’hui ils semblent jouer la politique de l’autruche et refuser de mettre les droits humains au centre de l’action pour répondre à la crise environnementale. A l’aune des changements climatiques et d’une transformation de nos sociétés que l’on appelle de nos vœux, les droits humains et la justice sociale doivent être au cœur des engagements pris à la COP24 » explique Sara Lickel du Secours catholique – Caritas France.

© Sébastien Le Clézio / Secours Catholique

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