La COP24 : la COP des Droits Humains ?

La COP24, qui doit se tenir du 2 au 14 décembre à Katowice en Pologne doit aboutir à l’élaboration des règles d’application de l’accord de Paris. Après l’adoption historique des grands principes lors de la COP21 en 2015, il s’agit maintenant de se mettre d’accord leur mise en œuvre effective. La COP24 doit être la traduction opérationnelle de la COP21.
Le 10 décembre 2018, ce sera aussi le 70e anniversaire de l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. A l’heure de la lutte contre les changements climatiques, les droits fondamentaux définis en 1948 prennent une nouvelle dimension. C’est le seuil minimum qu’il faut garantir à chacun, pour respecter la dignité de tous les hommes et femmes, et bien souvent, leur survie.
Le dernier rapport du GIEC nous montre bien l’enjeu que représente pour des millions de personnes l’objectif de ne pas dépasser les 1.5°C de réchauffement climatique, par rapport à l’objectif de +2°C : 10 cm de moins d’élévation du niveau des mers, plusieurs centaines de millions de personnes de moins en situation de pauvreté en 2050… Nous attendons dès lors des Etats qu’ils replacent l’enjeu humain au cœur de l’action climatique, en mettant en place des politiques ambitieuses mais aussi respectueuses des plus vulnérables et de leurs droits. Les pays qui se disent défenseurs des droits de l’homme, à commencer par la France, doivent prendre la responsabilité qui leur incombe de garantir que la réponse aux changements climatiques se fait avec et pour les populations.
De nombreuses études montrent en effet que fonder l’action climatique sur une approche par les droits humains, en particulier le droit à la terre et à l’alimentation, permet de réaliser des objectifs plus ambitieux. Ainsi, par exemple, respecter et protéger le droit à la terre des peuples autochtones, c’est protéger des espaces qui représentent environ 40% de toutes les terres naturelles restantes sur la planète. Protéger les forêts tout en en confiant la gestion aux communautés autochtones représente une première étape urgente pour mettre fin à la déforestation et redonner aux forêts leur rôle historique de « puits » net de carbone forestier, tout en respectant les populations qui y vivent et en les rendant actrices.
A l’heure où nos systèmes agricoles et alimentaires émettent près d’un tiers des émissions de GES au niveau mondial, où 821 millions de personnes souffrent toujours de la faim (et ce chiffre augmente depuis 2 ans à cause des changements climatiques), alors que plus de 700 millions d’adultes sont en situation d’obésité, il devient crucial de répondre à ces divers enjeux. Une transition des systèmes alimentaires vers l’agroécologie et des régimes sains, c’est permettre jusqu’à 8.5Gt d’équivalent C02 d’émissions évitées, tout en garantissant la sécurité et la souveraineté alimentaire des populations
Les Etats doivent appliquer cette approche fondée sur les droits de l’homme dans leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) à l’accord de Paris, piste cruciale permettant de garantir les droits minimums fondamentaux tout en maintenant notre maison commune habitable. La COP24 doit en poser les jalons.
#COP24 #Climat
Pour en savoir plus :
Soutenir la transition agroécologique, Secours Catholique – Caritas France, Octobre 2018
Les pistes inexplorées pour ne pas dépasser les 1.5°C de réchauffement climatique, Climate, Land, Ambition and Rights Alliance, Octobre 2018
© Elodie Perriot / Secours Catholique
Sara Lickel