Climat et pauvreté : le rôle des associations

Tout le monde est d’accord pour lutter contre les changements climatiques. Mais pas au détriment des populations pauvres. Les associations y veillent en participant aux négociations préparatoires à la Cop21.
« Échaudées par la dernière conférence sur le climat, à Copenhague en 2009, les ONG savent qu’on ne peut pas tout attendre des négociations internationales, bien que celles-ci soient très importantes », observe Pierre-Alexandre Maizière, chargé de plaidoyer Climat au Secours Catholique-Caritas France. « Bien sûr, il nous faut un accord, mais nous voulons aussi renforcer la mobilisation citoyenne sur le climat. »
Depuis Copenhague, les ONG continuent d’interpeller les politiques lors des conférences et sessions intermédiaires. De par leur rôle d’observateurs, les associations sensibilisent les opinions publiques pour faire passer leurs idées auprès du gouvernement français et des instances européennes.
En France, le collectif “Coalition climat 21” regroupe 150 ONG hexagonales, dont le Secours Catholique-Caritas France. « Toutes ces associations peuvent avoir des divergences sur la manière d’agir, remarque Pierre-Alexandre Maizière, mais elles ont un seul credo : “Pour tout changer, il faut tout le monde.” » Pour la Coalition, Paris n’est qu’un début et non un but. L’objectif n’est pas exclusivement d’avoir un texte définitif à l’issue de la Cop21, mais aussi d’obtenir un engagement citoyen permanent qui se poursuivra sur le long terme. »
L’enjeu est universel et toutes les confessions appellent à en prendre conscience, à l’instar de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF, rassemblement des six instances représentatives du bouddhisme, des Églises catholique, orthodoxe et protestante, de l’Islam et du judaïsme) qui, après avoir noté que « la crise climatique relève d’un défi spirituel et moral », appelle les participants à la Cop21 à adopter un accord contraignant applicable à tous.
Parmi les associations engagées dans ce travail de plaidoyer, le Secours Catholique appelle de ses vœux un accord comportant certains points d’attention particuliers : la pauvreté – les populations vulnérables doivent être prises en compte dans toute décision ; la sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation – promouvoir l’agroécologie et les agricultures familiales et se montrer méfiant envers l’Alliance globale pour l’agriculture intelligente face au climat dont les solutions proposées risquent de renforcer l’insécurité alimentaire ; enfin les moyens financiers pour pallier les impacts des changements climatiques. En effet, le Secours Catholique attend un accord qui aide les plus vulnérables à s’adapter aux conséquences climatiques, notamment dans le secteur agricole. Il demande aussi que le Fonds vert pour le climat, créé à Copenhague et censé disposer de 100 milliards de dollars annuels d’ici 2020 pour financer l’adaptation et la transition énergétiques, soit enfin abondé, mais aussi que de nouveaux fonds soutiennent les efforts d’adaptation nécessaires après cette date.
Le 29 novembre, veille de l’ouverture de la Cop21, une grande marche dans Paris et les principales villes françaises, à laquelle le Secours Catholique appelle à participer, devrait réunir un demi-million de personnes réclamant un autre modèle de société et la protection des populations les plus vulnérables face aux changements climatiques.
Jacques Duffaut pour la revue Messages
Pour aller plus loin, écoutez Nathalie Dupont, Responsable Pôle Analyses et Plaidoyer de l’association Coordination Sud expliquer pourquoi les grandes ONG ont du s’emparer de la question climatique et comment elles militent :
Découvrez également l’association Carré Géo et Environnement, qui oeuvre au Cameroun pour faire des changements climatiques déjà présents, un levier de développement au service des populations et non une fatalité :