3 juillet 2020

Plaidoyer finance – Comment prévenir de futures crises financières ?

Avec la crise du COVID-19, notre système économique et financier est mis à rude épreuve. Par ailleurs avec l’accélération des changements climatiques, d’autres crises soudaines risquent de se multiplier, que le système financier n’est pas prêt à affronter. Retour sur la manière dont le Secours Catholique-Caritas France plaide pour un système financier plus stable et plus durable.

 

Des régulateurs à l’écoute des citoyens, pas des lobbyistes

Partant du constat que depuis la crise financière de 2008 peu de réformes d’envergures ont été mises en place, le Secours Catholique a travaillé sur le pouvoir des lobbys financiers dans les instances de régulation. En effet, face à l’influence des lobbys financiers, il a été très difficile de pousser les décideurs à adopter des réformes ambitieuses pour renforcer mettre la finance au service de l’économie et de la transition.

Ainsi le Secours Catholique, avec Change Finance, a d’abord convaincu, au moment des élections européennes, 78 député.e.s européen.ne.s de signer 5 promesses de campagne visant à réguler les lobbys.

Ensuite, les efforts ont surtout porté sur un cas emblématique de porte tournante entre le privé et le public, le cas Adam Farkas : directeur de l’Autorité Bancaire Européenne (ABE), celui-ci a été recruté comme directeur par le plus grand lobby financier bruxellois (AFME). L’Autorité bancaire, loin d’interdire ce passage du public au privé, l’a accepté sans imposer aucun encadrement réel dans le passage d’une fonction de régulateur à celle de lobbyiste. Cela crée pourtant une proximité très forte entre régulateurs et régulés qui augmente le risque de conflit d’intérêt. Une période de transition de deux ou trois ans pour les acteurs qui viennent du secteur privé ou qui s’y rendent serait nécessaire.

Change Finance a mobilisé, fin 2019, médias et alliés parlementaires en écrivant tribunes et courriers, et en déposant une plainte au défenseur européen des droits (l’Ombudsman). Suite à ces mobilisations, le Parlement et l’Ombudsman se sont prononcés de manière forte pour défendre l’indépendance des régulateurs, via le rapport de l’Ombudsman ou des résolutions du parlement européen).

Ces victoires sont importantes : elles ouvrent la voie à un meilleur encadrement des liens entre régulateurs et industrie financière.

 

Un système financier vert et durable, indispensable pour éviter un nouvel effondrement financier

En parallèle, le Secours Catholique s’engage pour remettre le système financier au service de la transition écologique. Dans cet esprit, nous voulons nous assurer cette année que la politique de la Banque Centrale Européenne (BCE) protège le climat en arrêtant de faciliter l’exploitation des énergies fossiles. Non seulement cette exploitation est contraire aux objectifs de l’Accord de Paris, mais elle fait également peser sur nos banques et assurances de nouveaux risques, les risques financiers climatiques.

Pour éviter ces futures crises climatiques qui pourraient se transformer en crise financière, le Secours Catholique, avec ses alliés, a demandé et obtenu de Christine Lagarde, présidente de la BCE, que la mise en cohérence des outils monétaires de la BCE avec la transition écologique soit au cœur de l’agenda de l’institution. Concrètement cela impliquerait que la BCE ne rachète plus les titres d’entreprises fossiles, ni qu’elle n’accepte de donner des liquidités aux banques en échange de tels titres financiers.

Cette bataille en faveur du climat a aussi été l’occasion pour le Secours Catholique de montrer que les questions financières et monétaires, trop souvent vues comme techniques, sont en fait des choix de société. L’objectif est donc également que ces choix, politiques par nature, ne soient plus réalisés derrière des portes closes : sur ces questions, cela doit devenir la norme que la voix des citoyen.ne.s soit entendue.

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