7 octobre 2019

La société civile s’oppose au partenariat dangereux entre l’ONU et le Forum économique mondial

En juin dernier, la vice secrétaire générale des Nations Unis, Amina J Mohammed, a signé un accord de partenariat avec la Forum économique mondial. Si ce partenariat « stratégique » et ses promesses de développement durable sonnent agréablement à l’oreille, il est important de comprendre qu’il présente un risque majeur: la délégitimation de l’unique instance multilatéral d’envergure mondiale et universellement reconnue.

Le Forum économique mondial représente les intérêts économiques des grandes entreprises multinationales qui se retrouve une fois par an à Davos en compagnie des chefs d’états et de gouvernement. L’Organisation des nations unies (ONU) est au contraire un espace strictement public ou seuls les Etats sont admis en tant que membres de l’organisation. Dès lors, accorder à des intérêts privées représentés par le WEF un accès privilégié aux instances de l’ONU au nom de ce partenariat renforcé doit être questionné. Cela s’inscrit dans la dynamique globale de renforcement de l’emprise des multinationales sur les instances productrices de normes et doit être combattu. Les entreprises multinationales seront en effet capable de limiter la portée et l’ampleur des réformes portés par les états membres en agissant comme conseillers en coulisse auprès des représentants des états-members.  Le risque de voir l’intérêt de ces firmes et des investisseurs qui les finance de l’emporter sur l’intérêt général est donc bien réel. On peut tout à fait imaginer des entreprises pétrolières, financières ou agro-industrielles utiliser ces canaux pour empêcher que des régulations contraignantes ne soient adoptés à leur encontre, ou que des plans de lutte contre la pauvreté finissent par privilégier des solutions de marchés inadéquates au détriment de solutions non-marchandes plus efficaces à cause de ces efforts de lobbying. Cela sera d’autant plus facile que la voix des représentants de la société civile, déjà faible face à celle des grandes entreprises, va être complètement inaudibles face à des entreprises bénéficiant de ces canaux d’influence et de lobbying nouveaux qui leurs seront réservés .

A terme, c’est donc l’impartialité de l’ONU et sa capacité à exiger des comptes de la part des entreprises multinationales qui vont être amoindries.

Pour manifester son opposition à une telle démarche, le Secours Catholique Caritas France a donc apporté son soutien à une lettre ouverte signée par plusieurs centaines d’organisations de la société civile mondiale. Cette démarche s’inscrit en droite ligne des campagnes qu’il soutient depuis longtemps au niveau européen pour limiter l’influence des entreprises de la finance au sein des instances de régulation européennes en charge de l’encadrement des secteurs bancaire et financier.

 

Pour plus d’information:

Erwan Malary – chargé de plaidoyer finance et transition écologique
erwan.malary@secours-catholique.org / 06.73.74.54.93

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