23 septembre 2019

Le Sommet des Nations Unies sur l’Action Climatique

Le Secrétaire Général des Nations Unies Antonio Guterres a convoqué à New York aujourd’hui les chefs d’Etat du monde pour un Sommet Action Climat. Répondant à l’urgence de la situation mondiale et l’inédite mobilisation citoyenne qui a grossit ces derniers mois, Guterres attendait des chefs d’Etat qu’ils sortent des beaux discours pour avoir des engagements concrets, en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre notamment, et ce avant qu’il ne soit trop tard.

Le Secours catholique – Caritas France réagit aux principales annonces de ce Sommet:

 

Alliance pour la protection des forêts tropicales:
De quoi s’agit-il?

– Une Alliance pour protéger les forêts tropicales a été lancée, faisant suite à la mobilisation des chefs d’Etat du G7 et en réponse aux feux dévastant l’Amazonie, le Bassin du Congo, et l’Indonésie. Le président Macron a promis 100 millions de dollars à cette initiative.

Notre analyse:
=> Nous saluons la prise de parole du président du Conseil Régional de Guyane, Rodolphe Alexandre, aux côtés d’Emmanuel Macron et l’inclusion politique de la Guyane française dans le bassin amazonien. Mais nous devons rappeler que 360 000 hectares de forêt soient encore laissés aux multinationales minières en Guyane. La France doit être exemplaire sur ce sujet, protéger la forêt, la biodiversité et les populations autochtones face aux industries extractives en Guyane.
Nous déplorons que cette alliance ne s’attaque toujours pas aux sources de la déforestation, notamment liée aux importations commerciales de soja ou d’huile de palme par la France et l’Union Européenne. Sur cet enjeu de la déforestation et de la lutte contre l’accaparement des terres par l’agribusiness, nous attendons toujours un engagement de la France pour une législation européenne contraignante, notamment sur le soja, et la fin de la subvention aux agrocarburants de première génération. Nous serons vigilants aux méthodes de gouvernance de cette initiative qui restent à définir d’ici à la COP25 et aux principes qui les dirigeront. Les droits humains dont les droits des peuples autochtones doivent en constituer le principe directeur. Pour en savoir plus sur efficacité d’une approche par les droits fonciers de l’action climatique. 

 

Fond Vert Climat

Le doublement des engagements financiers de la France en faveur du Fond vert pour le climat annoncé lors du G7 a été précisé: 80% de cette engagement le sera sous forme de dons. Cette annonce est bienvenue dans la mesure où elle limitera la dépendance financière sur le long terme des pays bénéficiaires des financements du Fond. 

Cependant, la France manque de cohérence dans la mise en place de ses stratégies finance-climat puisque qu’aucune annonce n’a été faite pour réclamer la fin des investissements fossiles de la Banque européenne d’investissement à laquelle la France contribue. De la même manière, les 11 milliards de subvention aux énergies fossiles n’ont pas été mentionnés par E. Macron et risquent d’être pérennisés dans le prochain projet de loi de finance. Ces incohérences, ajoutées aux nombreux investissements des grandes institutions financières privées françaises dans les énergies fossiles, montrent que la France est encore loin de se diriger réellement vers l’objectif de 0 émissions nettes. 

 

Transition des Systèmes alimentaires

De quoi s’agit-il?

-La “One Planet Business for Biodiversity”, sous le leadership de Danone, est une initiative regroupant 20 entreprises de l’agribusiness créée aujourd’hui autour du constat que nos systèmes alimentaires ne peuvent plus fonctionner. Dans le cadre des discussions sur les Solutions fondées sur la nature, le poids de l’agriculture industrielle sur les émissions et la biodiversité a été enfin reconnu par les multinationales elles-même responsables du problème. Le modèle de l’agroindustrie fait exploser les limites de la planète et ne peut plus continuer. Cette initiative entend promouvoir une transition vers l’agriculture régénérative, la biodiversité cultivée et s’engage contre la déforestation. 

Notre analyse:

=> Suite à la publication du rapport du GIEC en août dernier qui soulignait le poids désastreux de l’agroindustrie sur les émissions globales et sa contribution aux changements climatiques ainsi qu’à l’effondrement dramatique de la biodiversité, les multinationales montrent un début de prise de conscience de leur contribution au problème et la non-soutenabilité du modèle qu’elles promeuvent. Mais ces considérations ne sont que celles du secteur privé, et aucun gouvernement n’a su tirer les conclusions de ce rapport qui est de passer à l’agroécologie, un système alimentaire qui ne repose pas sur les intrants, n’émet que peu de gaz à effet de serre, et permet de garantir la sécurité alimentaire de tous. Pour mettre en place cette transition à l’échelle nécessaire, les gouvernements doivent être courageux et prendre des mesures qui vont à l’encontre de ces multinationales, en commençant à travailler avec la nature.

Il s’agit de rediriger les subventions publiques et la finance publique vers l’agroécologie et non plus vers les pesticides et engrais de synthèse, réguler l’agribusiness, autoriser la libre-circulation des semences paysannes et mettre en place des politiques de reconnaissance des droits fonciers pour les communautés paysannes et autochtones. 

Découvrez nos recommandations pour soutenir la transition agroécologique.

 

Relève des CDN (NDCs)

De quoi s’agit-il?
– Les Contributions Déterminées au niveau National sont les plans de mise en oeuvre de l’accord de Paris élaborés par chaque Etat. La somme de ces engagements doit nous permettre de ne pas dépasser les 1.5°C de réchauffement global. L’accord de Paris prévoit une révision de ces engagements tous les 5 ans, soit d’ici 2020 pour la plus proche échéance. Or seuls 6 pays, représentants 0,7% des émissions, ont prévu d’actualiser leurs CDN d’ici fin 2020, et 65 pays, représentant 6.8% des émissions globales, ont annoncé une relève des engagements dans une CDN d’ici à la fin de l’année prochaine.

Notre analyse:

=> Tous ces engagements paraissent bien faible devant la nécessité de rester sous 1.5°C. Ne pas tenir ces engagements et dépasser les 1.5°C est criminel: cela est synonyme d’importantes violations de droits humains, de déplacement forcé de populations, de crises alimentaires sans précédents. Nous attendions que des Etats émetteurs, comme l’Union Européenne, s’engagent à réduire leurs émissions de -65% d’ici à 2030 et mettent en oeuvre cet engagement. Nous saluons le soutien de la France à la relève de l’engagement européen à -55%. Il faut maintenant que les Etats européens parviennent à un accord là-dessus rapidement.

 

 

Contact: Sara Lickel, chargée de plaidoyer droit à l’alimentation et climat, 06 71 00 69 76

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